Conférence : Mieux vivre avec des acouphènes

Publié le 13 mars 2024 Mis à jour le 25 mars 2024
Date(s)

le 12 avril 2024

10h à 12h
Lieu(x)
Maternité du CHU
Amphithéâtre Paul-Lemoine
Rez-de-chaussée
32, boulevard Jean-Monnet, Nantes

 

Vous souffrez d'acouphènes ( sifflements, bourdonnements, grésillements...) ? Le service ORL du CHU lance des réunions d'information dédiées aux personnes aux prises avec ces symptômes souvent méconnus et parfois très invalidants. Rejoignez-les le vendredi 12 avril à 10h - maternité du CHU -Amphithéâtre Paul-Lemoine. Audioprothésistes, sophrologue, experts de l'association francophone des équipes pluridisciplinaires en acouphénologie et représentants de France acouphènes, vous guideront à travers les différentes approches de prise en charge. Ouvert à tous, entrée libre.

Les acouphènes sont des sifflements, des grésillements ou des bourdonnements d’oreille, qui ne proviennent pas du monde extérieur. Ils peuvent être perçus dans une seule oreille (forme unilatérale) ou dans les deux (acouphène bilatéral), de manière continue ou intermittente, transitoire ou persistante. L’acouphène est dit aigu lorsqu’il est récent et présent plusieurs heures par jour. Il devient chronique s’il persiste plus de trois mois.

Environ 10 % de la population adulte seraient concernés par ce trouble auditif, avec un retentissement est très variable d’un individu à l’autre, pouvant aller d’une simple gêne à un handicap sévère dans la vie quotidienne. Les formes très invalidantes représentent moins de 1 % des cas. Les acouphènes peuvent notamment entraîner des difficultés pour s’endormir ou se concentrer. Ils peuvent aussi provoquer des états d’anxiété et de dépression. Un cercle vicieux peut alors s’instaurer : l’anxiété générée par les acouphènes peut amplifier leur perception et aggraver la gêne.


D’où viennent les acouphènes ?

La grande majorité des acouphènes sont d’origine neurosensorielle. Ils résultent d’anomalies du fonctionnement de la voie auditive, qui peuvent survenir à tous les niveaux, de la périphérie (oreille) jusqu’au cortex.

Le plus souvent, il s’agit de lésions ou de dysfonctionnements de l’oreille interne ou des fibres nerveuses auditives. Ainsi, les acouphènes sont associés à des pertes d’audition dans environ 80 % des cas. Et même lorsqu’aucun déficit n'est retrouvé à l’audiogramme, l’existence de lésions indétectables des fibres nerveuses auditives n’est pas à exclure. Les acouphènes peuvent aussi être associés à une hyperacousie, c’est-à-dire à une sensibilité exacerbée aux sons.

Face à une déficience auditive, le cortex auditif met en place des mécanismes de compensation qui peuvent devenir aberrants. Des activités anormales générées le long de la voie auditive peuvent alors être interprétées comme des sons par le système nerveux central, sans stimulation acoustique extérieure. Ces signaux sont perçus comme des bruits désagréables, voire insupportables : c’est l’acouphène.

Il existe en outre un lien entre acouphènes et émotions : le cortex auditif interagit en effet avec l’amygdale, une région du cerveau impliquée dans les émotions, qui attribue une valeur positive ou négative aux sons. Si un son est classé comme désagréable, l’amygdale amplifie sa perception par le cortex auditif, qui en retour, le traite comme un signal d’alerte. S’ensuit alors une réaction de stress avec des manifestations physiologiques, comme des frissons ou une accélération du rythme cardiaque… Un phénomène observé chez certains patients qui souffrent d’acouphènes.


Un soulagement est possible

Si les acouphènes motivent une forte demande médicale, il n’existe pas de traitement curatif à ce jour. La prise en charge consiste actuellement à masquer les acouphènes pour réduire la gêne qu’ils provoquent et améliorer le vécu des patients.

En premier lieu, il est nécessaire de rechercher l’existence d’une perte auditive. En cas de déficit avéré, une aide auditive permet le plus souvent d’améliorer l’audition et de détourner le patient de ses acouphènes : réhabiliter l’audition permet de mieux percevoir l’environnement sonore et donc de masquer le bruit fantôme.

Des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) peuvent être proposées. Elles sont destinées à modifier les perceptions du patient pour lui permettre de prendre le contrôle de ses acouphènes et mieux vivre avec. Cette approche peut passer par un panel varié de techniques ou exercices : gestion du stress, distraction attentionnelle, analyses critiques des pensées délétères (« mon acouphène est insupportable, je le subirai à vie » ...) et élaboration de pensées alternatives pour se détacher de leur perception… Plusieurs études ont montré l’efficacité des TCC dans la prise en charge des acouphènes, à moyen comme à long terme.  Différentes techniques de relaxation (sophrologie, hypnose, méditation de pleine conscience, yoga…) peuvent aussi aider à supprimer la connotation négative d’un acouphène et à relativiser son importance.

La thérapie sonore correspond quant à elle à l’utilisation de « masqueurs d’acouphènes », destinés à réduire la sensibilité aux acouphènes, voire à s’y habituer. Il s’agit de prothèses qui émettent un bruit de fond, modéré mais permanent, appelé bruit blanc. L’objectif est de favoriser la reprogrammation du système nerveux pour réduire ou supprimer l’attention portée aux acouphènes. Il s’agit d’un traitement à long terme, conduit sur plusieurs mois. Toutefois la mise en place de protocoles standards efficaces reste à l’étude.

En cas d’anxiété et/ou de dépression, une prise en charge par un psychiatre ou par un psychologue et la prescription de médicaments (anxiolytiques, antidépresseurs) peuvent être utiles : en réduisant les scores de dépression et d’anxiété, l’intensité des acouphènes et la gêne associée diminuent.


Les enjeux de la recherche

Des travaux sont conduits pour progresser dans la compréhension des mécanismes physiologiques à l’origine des acouphènes. Ils sont indispensables pour mieux caractériser ce trouble sur le plan clinique et découvrir de nouveaux traitements. Plusieurs pistes préventives et thérapeutiques sont explorées.
 
Source : Inserm