histoire des établissement - La Placelière

Cette maison de retraite (ou selon le jargon administratif "établissement pour soins de longue durée") était rattachée au CHU jusqu'en 2009, date de sa fermeture. Située sur la commune de Château-Thébaud, à une douzaine de kilomètres au sud de Nantes, la Placelière a pour cadre l'une de ces anciennes "folies" qui font au XVIIIe siècle l'orgueil des riches négociants nantais. Guillaume Grou, qui finança la construction de l'hôpital des orphelins, fait bâtir en 1747 cette somptueuse maison de campagne, planter le parc d'essences rares et creuser une pièce d'eau sur le modèle (en réduction) du grand canal de Versailles. La Placelière est, pendant les années qui précédent la Révolution, le lieu privilégié de fêtes où se côtoient les plus illustres représentants du négoce nantais. Si l'on en croit la chronique, le clou est sans doute, sur la pièce d'eau, le spectacle donné par les gondoles illuminées de mille flambeaux avec le concours de nombreux serviteurs noirs ramenés des Antilles.

La Placelière
La Placelière












Grou décédé en 1774 (son enterrement eut lieu de nuit, son cercueil précédé de quatre vingt serviteurs noirs portant flambeaux), sa veuve n'en continue pas moins de tenir une place importante dans la société nantaise. C'est à ce titre qu'elle a l'occasion de recevoir à la Placelière le 8 décembre 1776 Benjamin Franklin, d ésigné par le congrès comme commissaire auprès de la cour de France. Ayant débarqué à Auray, il tient à s'arrêter quelques jours à Nantes pour y prendre l'opinion de ses amis armateurs et négociants sur l'aide que les insurgés peuvent espérer de la France. Les nantais présen
ts sont sans doute aussi sensibles aux idées de liberté incarnées par leur visiteur qu'aux perspectives des bénéfices à tirer de ce conflit. Une plaque apposée sur la façade du bâtiment principal rappelle la visite de l'illustre américain.
La vague de destruction, d'incendies et de morts qui submerge la région à partir de 1793 n'épargne pas la Placelière. Le château est brûlé, sans doute par les Vendéens, qui ne peuvent oublier les convictions libérales de la famille Grou (qui ne lui interdisent pas pour autant de pratiquer le "commerce triangulaire"). Les ruines de la "folie" sont relevées en 1808 à peu près sur le plan de 1747 mais avec une surface réduite de moitié. C'est ainsi qu'elle s'est conservée jusqu'à nous. La Placelière connaît au XIXe siècle plusieurs propriétaires dont l'un ajoute aux différents accès de magnifiques grilles en fer forgé. La façade arrière de la demeure possède encore une incontestable noblesse. Dans les communs, échappés à l'incendie, on peut admirer une remarquable charpente d'origine, travail dû vraisemblablement à des charpentiers de marine.

Acquise par la ville de Nantes en 1919 pour y créer un centre de rééducation des soldats handicapés d'origine rurale, la Placelière est devenue en 1947 une maison de retraite dont la gestion a été confiée de 1951 à 2009 au CHU de Nantes. Elle s'est agrandie en 1964 par la construction d'une aile d'hospitalisation dont le style se marie bien avec celui de la folie d'origine. L'orangerie a été parfaitement restaurée en 1977, le parc entretenu avec soin. L'ensemble fait de la Placelière un lieu qui mérite une visite.
source: AHHPS


Voir aussi

Les Annales du pays nantais, n°149 Pâques 1968.
Le manoir de La Placelière sur Wikipédia