-
Partager cette page
témoignages - T.C. témoigne à propos d'un don d'organes effectué chez son neveu décédé à l'âge de 16 ans au CHU de Nantes
Publié le 7 novembre 2008 – Mis à jour le 4 juin 2009
"Les années passent, je suis aujourd'hui dans une certaine acceptation de ce que nous apporte la vie.
Infirmier, je me suis trouvé confronté à une situation douloureuse et extrêmement difficile à vivre. Je prends maintenant la plume afin de pouvoir m'exprimer sur l'événement qui a bouleversé ma famille à jamais: le décès accidentel de mon neveu S., dans sa seizième année. Cette tragédie est aussi la rencontre avec une équipe exceptionnelle, tant sur le plan humain que professionnel: les infirmières coordinatrices.
Lorsque S. a eu son accident, ma sœur m'a appelé alors qu'elle était sur les lieux. J'ai ainsi pu parler avec le médecin des pompiers. Devant la gravité de ce qu'il venait de me dire, j'ai pris la route car j'avais compris ce qui allait arriver.
Quelques heures après mon arrivée chez ma sœur, le téléphone sonna. Je pris la communication car personne ne voulait décrocher. C'était le médecin réanimateur. Je lui ai dit que j'étais l'oncle de S. et infirmier. Ma sœur et mon beau-frère face à moi, j'apprenais que S. était en état de mort cérébrale. A notre arrivée à l'hôpital, nous sommes accueillis par ce même réanimateur. Alors qu'il entreprend de nous expliquer la mort cérébrale de S., je lui coupe la parole: "Vous voulez demander un don d'organes?». Il s'assied à côté de moi en acquiesçant.
Après accord des parents, tout est allé très vite.
Nous rentrons dans ce box où S. est intubé, ventilé, perfusé. Je garde en mémoire que son cerveau ne fonctionne plus. Je n'y crois pas... On l'embrasse, on lui prend les mains, il respire par la machine. Il dort... Mais non... Il n'est plus là. Mon autre sœur arrive, un petit salon est à notre disposition. Une aide-soignante passe beaucoup de temps avec nous à discuter. Elle essaie tant bien que mal de nous réconforter. Ses mots nous font du bien. À 8 heures, N., infirmière coordinatrice, arrive avec le réanimateur. Elle nous explique le déroulement, les examens à faire pour S. Nous avons libre accès pour aller le voir.
A un moment je sens que ma sœur s'égare, elle est perdue, elle commence à se poser les mauvaises questions: "si S' était encore en vie?". N. s'assied face à elle, lui pose la main sur un genou, lui explique à nouveau, avec douceur, que S. n'est plus, qu'ils peuvent refuser le don d'organes mais que, de toute façon, ils arrêteront les machines.
Ce moment, gravé à jamais dans ma mémoire, a été essentiel à ma sœur car il recadrait clairement les choses avec tact, douceur, gentillesse et beaucoup d'égard, sans jugement quant au choix qui sera fait par les parents.
A 10h30, nous quittons l'hôpital et restons en contact téléphonique avec N. De retour avec plusieurs membres de la famille l'après-midi, nous sommes de nouveau accueillis par le réanimateur et N. qui explique les choses à tout le monde.
S. doit descendre au bloc vers 17h. Nous laissons les vêtements pour l'habiller ainsi que les dernières consignes émises par ses parents. Nous rentrons préparer l'arrivée de S. à la maison. Pour l'heure, nous savons qu'il est au bloc, que cela va durer une partie de la nuit mais qu'il ne sera pas seul. La collègue de N. a pris le relais.
Je l'ai au téléphone dès le lendemain matin. Une fois de plus, même gentillesse, même douceur, même respect.
Nuit blanche pour tout ce personnel, pour des malades et leurs familles dont la vie va être bouleversé par ce geste de S., car c'est avant tout le sien. Le lendemain midi, S. arrive enfin à la maison. Toutes nos consignes ont été respectées.
On passe à une autre étape. Alors qu'on est en deuil, on pense beaucoup à ceux dont la vie va être changée. Mais cette générosité ressemble tellement à celle de S.
J'apprends par l'infirmière coordinatrice que les greffes se sont bien passées. Cette nouvelle nous fait du bien malgré ce que nous traversons.
Je me souviens d'une parole du papa de S.: "Faut le faire, il aurait aimé le faire. Puis on ne sait jamais, peut-être qu'un jour, quelqu'un de proche aura besoin d'un organe".
Par la suite, à chaque fois que nous avons voulu avoir des nouvelles des receveurs, nous avons été écouté longuement, considéré et respecté. Si les mots "douceur" et "gentillesse" reviennent souvent dans cet écrit, c'est bien évidemment volontaire de ma part. Ce mélange de qualités humaines et professionnelles nous a tous aidés.
Un jour au téléphone, j'ai remercié l'infirmière. Elle m'a répondu : "Vous n'avez pas à nous remercier, c'est la société qui devrait dire merci à votre famille pour ce geste".
À ce jour, la plupart d'entre nous ont pris une carte de donneur d'organe".
Infirmier, je me suis trouvé confronté à une situation douloureuse et extrêmement difficile à vivre. Je prends maintenant la plume afin de pouvoir m'exprimer sur l'événement qui a bouleversé ma famille à jamais: le décès accidentel de mon neveu S., dans sa seizième année. Cette tragédie est aussi la rencontre avec une équipe exceptionnelle, tant sur le plan humain que professionnel: les infirmières coordinatrices.
Lorsque S. a eu son accident, ma sœur m'a appelé alors qu'elle était sur les lieux. J'ai ainsi pu parler avec le médecin des pompiers. Devant la gravité de ce qu'il venait de me dire, j'ai pris la route car j'avais compris ce qui allait arriver.
Quelques heures après mon arrivée chez ma sœur, le téléphone sonna. Je pris la communication car personne ne voulait décrocher. C'était le médecin réanimateur. Je lui ai dit que j'étais l'oncle de S. et infirmier. Ma sœur et mon beau-frère face à moi, j'apprenais que S. était en état de mort cérébrale. A notre arrivée à l'hôpital, nous sommes accueillis par ce même réanimateur. Alors qu'il entreprend de nous expliquer la mort cérébrale de S., je lui coupe la parole: "Vous voulez demander un don d'organes?». Il s'assied à côté de moi en acquiesçant.
Après accord des parents, tout est allé très vite.
Nous rentrons dans ce box où S. est intubé, ventilé, perfusé. Je garde en mémoire que son cerveau ne fonctionne plus. Je n'y crois pas... On l'embrasse, on lui prend les mains, il respire par la machine. Il dort... Mais non... Il n'est plus là. Mon autre sœur arrive, un petit salon est à notre disposition. Une aide-soignante passe beaucoup de temps avec nous à discuter. Elle essaie tant bien que mal de nous réconforter. Ses mots nous font du bien. À 8 heures, N., infirmière coordinatrice, arrive avec le réanimateur. Elle nous explique le déroulement, les examens à faire pour S. Nous avons libre accès pour aller le voir.
A un moment je sens que ma sœur s'égare, elle est perdue, elle commence à se poser les mauvaises questions: "si S' était encore en vie?". N. s'assied face à elle, lui pose la main sur un genou, lui explique à nouveau, avec douceur, que S. n'est plus, qu'ils peuvent refuser le don d'organes mais que, de toute façon, ils arrêteront les machines.
Ce moment, gravé à jamais dans ma mémoire, a été essentiel à ma sœur car il recadrait clairement les choses avec tact, douceur, gentillesse et beaucoup d'égard, sans jugement quant au choix qui sera fait par les parents.
A 10h30, nous quittons l'hôpital et restons en contact téléphonique avec N. De retour avec plusieurs membres de la famille l'après-midi, nous sommes de nouveau accueillis par le réanimateur et N. qui explique les choses à tout le monde.
S. doit descendre au bloc vers 17h. Nous laissons les vêtements pour l'habiller ainsi que les dernières consignes émises par ses parents. Nous rentrons préparer l'arrivée de S. à la maison. Pour l'heure, nous savons qu'il est au bloc, que cela va durer une partie de la nuit mais qu'il ne sera pas seul. La collègue de N. a pris le relais.
Je l'ai au téléphone dès le lendemain matin. Une fois de plus, même gentillesse, même douceur, même respect.
Nuit blanche pour tout ce personnel, pour des malades et leurs familles dont la vie va être bouleversé par ce geste de S., car c'est avant tout le sien. Le lendemain midi, S. arrive enfin à la maison. Toutes nos consignes ont été respectées.
On passe à une autre étape. Alors qu'on est en deuil, on pense beaucoup à ceux dont la vie va être changée. Mais cette générosité ressemble tellement à celle de S.
J'apprends par l'infirmière coordinatrice que les greffes se sont bien passées. Cette nouvelle nous fait du bien malgré ce que nous traversons.
Je me souviens d'une parole du papa de S.: "Faut le faire, il aurait aimé le faire. Puis on ne sait jamais, peut-être qu'un jour, quelqu'un de proche aura besoin d'un organe".
Par la suite, à chaque fois que nous avons voulu avoir des nouvelles des receveurs, nous avons été écouté longuement, considéré et respecté. Si les mots "douceur" et "gentillesse" reviennent souvent dans cet écrit, c'est bien évidemment volontaire de ma part. Ce mélange de qualités humaines et professionnelles nous a tous aidés.
Un jour au téléphone, j'ai remercié l'infirmière. Elle m'a répondu : "Vous n'avez pas à nous remercier, c'est la société qui devrait dire merci à votre famille pour ce geste".
À ce jour, la plupart d'entre nous ont pris une carte de donneur d'organe".