La réalisation d'un traitement par chimiothérapie

Publié le 10 juillet 2008 Mis à jour le 14 février 2019

Le terme de chimiothérapie est employé pour les médicaments anticancéreux. Elle a pour but d'empêcher la multiplication des cellules cancéreuses. La chimiothérapie est administrée essentiellement par voie intraveineuse, injection directe ou perfusion ou chambre implantable, parfois par injection intra-musculaire ou sous-cutanée, ou par voie orale.

Cette voie veineuse de longue durée doit être entretenue par des infirmier(e)s. Nous vous aiderons à mettre en place ces soins près de chez vous.

Les effets secondaires de la chimiothérapie

Votre enfant va recevoir un traitement de chimiothérapie. Ce traitement est susceptible d'entraîner un certain nombre d'effets secondaires qui peuvent survenir
à domicile.

  • les troubles digestifs

Il peut s'agir de nausées ou de vomissements. Votre enfant recevra un traitement préventif. Cependant, ces symptômes peuvent réapparaître à la maison. Il convient alors de lui donner régulièrement à boire par petites quantités. Le Coca-Cola, bien frais est bien toléré chez l'enfant nauséeux et permet une bonne réhydratation avec un apport en sucre essentielle pour limiter les nausées.
La persistance des vomissements pendant plus de 24 heures implique de reprendre contact avec l'hôpital pour que l'enfant soit perfusé.

Certains médicaments (Oncovin, par exemple) utilisés dans les protocoles entraînent
une constipation. L'alitement accentue cette constipation de même que certains antalgiques (dérivés de la morphine, codéine).
Pour lutter contre la constipation, il faut prévoir un régime riche en fibres et utiliser des médicaments destinés à améliorer le transit (Duphalac, Transipeg) et surtout faire en sorte que l'enfant reste actif.

Certains médicaments peuvent entraîner une agression des muqueuses digestives, en particulier au niveau de la bouche. On parle alors de mucite. La prévention consiste en une hygiène buccale rigoureuse : lavage des dents avec une brosse adaptée, soins de bouche (alternance bicarbonate et chlorhexidine). Lorsque la mucite apparaît, il convient de prendre contact avec l'équipe médicale afin de débuter des antalgiques majeurs (morphiniques) et éventuellement un traitement antibiotique. Si la mucite gêne l'alimentation de l'enfant, il convient de l'hospitaliser.

  • la diminution des globules du sang

La maladie et le traitement qui lui est proposé peuvent entraîner une diminution du nombre de globules rouges (anémie), des plaquettes (thrombopénie) et des globules blancs normaux (neutropénie).

L'anémie, si elle devient trop importante (taux d'hémoglobine inférieur à 7 g), entraîne une fatigue et un essoufflement inconfortables. Il y a alors besoin d'effectuer des transfusions de globules rouges. Ces transfusions devront être répétées aussi souvent que nécessaire pendant toute la période durant laquelle votre enfant ne pourra pas fabriquer lui-même les globules rouges en quantité suffisante.

La thrombopénie, si elle est trop importante, peut entraîner un risque d'hémorragie spontanée si les plaquettes sont inférieures à 20 000/mm3 ou provoquée par un geste tel que la mise en place d'un cathéter ou une fibroscopie si les plaquettes sont
inférieures à 50 000/mm3. Dans ces cas, il est nécessaire d'effectuer une transfusion de plaquettes. Ces transfusions pourront être répétées aussi souvent que nécessaire pendant toute la période durant laquelle votre enfant ne pourra pas fabriquer lui-même les plaquettes en quantité suffisante.

Dans ces deux cas, transfusions de plaquettes et/ou de globules rouges, les produits sanguins transfusés sont fournis par l'Etablissement Français du Sang de Loire-Atlantique/Vendée. Les produits sont prélevés, préparés et stockés selon toutes les procédures légales qui garantissent une sécurité et une efficacité maximales au regard des connaissances actuelles. Les règles de vérification de la compatibilité des produits qui sont destinés sont définies et appliquées dans le service chargé de la réalisation de ces transfusions. Conformément à la législation, un document concernant les transfusions et les règles de leur réalisation et surveillance vous est remis ; vous devez le lire attentivement.

La transfusion est un acte médical non exempt de risque, en particulier s'il s'agit de la transmission d'un virus non encore connu.
C'est pourquoi de nombreuses précautions entourent l'acte transfusionnel :

    • contrôle pré-et post-transfusionnel des sérologies virales de l'enfant;
    • sélection rigoureuse des produits sanguins.

Les critères de transfusion sont les suivants :

    • < 7 g/dl d'hémoglobine pour les globules rouges;
    • < 15 000 plaquettes;
    • < 50 000 plaquettes dans certaines circonstances et lorsqu'il existe des saignements : nez et gencives.

La diminution des globules blancs accentue le risque infectieux. Ce risque est significatif lorsque le nombre des polynucléaires (globules blancs luttant contre les infections) est inférieur à 500.

Il convient alors de surveiller la température toutes les 12 heures en axillaire en ajoutant 5/10e.

La fièvre est définie selon les critères suivants :

    • 38,5° une seule fois;
    • 38° deux fois à quatre heures d'intervalle.

Si votre enfant a de la fièvre et moins de 500 polynucléaires, il doit être hospitalisé
en urgence pour débuter un traitement antibiotique.

  • La diminution des défenses immunitaires

Indépendamment du nombre de globules blancs, la chimiothérapie diminue les défenses contre les infections. Votre enfant est particulièrement sensible à  certains virus et parasites.

En l'absence de prévention, il risque de développer une pneumonie à pneumocystis, germe habituellement peu dangereux qui le devient lorsque les défenses immunitaires diminuent.

Votre enfant recevra donc un traitement préventif avec le Bactrim trois fois par semaine le lundi, le mercredi et le vendredi. Ce traitement ne doit pas être interrompu sauf sur indication de l'équipe médicale. Les jours de cure de méthotrexate, les enfants ne doivent pas prendre de Bactrim.

  • Votre enfant peut également développer une varicelle grave.

Il importe donc de prendre quelques précautions pour éviter les contacts directs, surtout si votre enfant n'a pas eu la varicelle. Si c'est le cas, il convient d'en informer rapidement l'équipe médicale.

Si votre enfant n'a pas eu la varicelle (nous le vérifions par des tests sanguins), il recevra des anticorps antivaricelle dans les 48 heures.
Si malgré ces précautions votre enfant développe la varicelle ou un zona, il convient de l'hospitaliser pour lui administrer un traitement antiviral.

  • La chute des cheveux

Les cellules à l'origine des cheveux sont sensibles à la chimiothérapie. Les cheveux tombent dans les semaines qui suivent certaines chimiothérapies. Ils repoussent normalement après l'arrêt du traitement et la chevelure redevient normale en quelques mois.

  • La toilette

L'hygiène quotidienne est importante. Elle doit être accommodée pour respecter le cathéter. La peau est fragilisée par le traitement. Elle doit être graissée avec des produits doux et il faut être prudent avec les savons et les parfums. La toilette comprend un lavage avec un surgras liquide, un rinçage abondant et un séchage par tamponnements.
Avant la première sortie, il est important d'avoir réalisé la toilette avec l'auxiliaire. Il est particulièrement important d'avoir une bonne hygiène des mains, de la bouche et du siège.

  • Le soleil

La chimiothérapie accentue la photosensibilisation, la peau est donc particulièrement sensible aux agressions du soleil. Lors de toute exposition solaire, il convient de respecter les recommandations suivantes.

    • port d'un tee-shirt;
    • port d'une casquette ou d'un chapeau;
    • application d'un écran total.
  • Le traitement nécessite une cure de corticoïdes

Ces comprimés sont prescrits pour quelques jours ou pour une période plus longue suivant les cas.
Ils peuvent avoir un certain nombre d'effets secondaires :

    • maux d'estomac;
    • oedèmes;
    • énervement, insomnie.

Aussi, afin d'éviter ces désagréments, nous conseillons :

    • la prise des comprimés le matin au milieu du repas;
    • le suivi d'un régime peu salé pendant la durée de ce traitement (éviter les charcuteries, les conserves, les biscuits apéritifs, fruits de mer et plats cuisinés du commerce ; saler peu lors de la cuisson et ne pas resaler au moment du repas).

La douleur

La douleur est l'ensemble des sensations désagréables que peut ressentir l'enfant suite à sa maladie. La douleur n'est jamais utile ni nécessaire à la guérison. Il faut donc la combattre à chaque fois qu'elle existe. La leucémie peut entraîner des douleurs dans les os (bras, jambes, dos), un refus de marcher chez les petits enfants. Ces signes disparaîtront après les premiers jours de traitement, mais peuvent nécessiter un traitement contre la douleur (traitement antalgique). Certaines chimiothérapies peuvent entraîner des douleurs abdominales accompagnées de constipation, certaines des mucites (inflammation de la bouche ou de la gorge) qui peuvent être très douloureuses (méthotrexate à haute dose). Dans tous les cas, il est important de dépister la douleur chez l'enfant, et savoir qu'un petit enfant qui a mal, souvent ne pleure pas, mais devient grognon, refuse de jouer et de bouger. Il faut en parler au médecin qui prescrira alors un traitement antalgique : on débute par du Paracétamol, puis, si ce n'est pas suffisant, des antalgiques plus puissants. Parfois, il faut utiliser de la morphine pour une durée limitée et ceci n'entraîne jamais de dépendance ni de toxicomanie. Dans presque tous les cas, la douleur peut être complètement contrôlée par le traitement antalgique.

Certains examens comme la ponction lombaire ou le myélogramme provoquent une douleur vive, mais courte. Pour l'enfant âgé de plus de 3-4 ans, nous lui proposons de respirer dans un masque un mélange d'oxygène et de protoxyde d'azote pour diminuer ou supprimer la sensation douloureuse provoquée par la piqûre.

L'enfant garde toute sa conscience et doit respirer activement dans le masque.

L'effet bénéfique anti-douloureux dépend de sa participation active.

Chez l'enfant plus jeune ou n'aimant pas le masque, des médicaments sont administrés par suppositoire ou par voie intraveineuse.
Une équipe spécialisée, composée de médecins et infirmières, peut être sollicitée pour prendre en charge la douleur de votre enfant.
Il n'est pas conseillé de donner à votre enfant des médicaments, sur votre propre initiative.
Ne lui donnez jamais d'aspirine, car ce médicament favorise les saignements.

Cures de chimiothérapie et résultats d'examens

  • protocole général de traitement signé par les parents ou le représentant légal;
  • feuille de chimiothérapie remise à chaque cure (médicament, dose, jour, heure, voie d'administration...);
  • résultats des bilans sanguins.