préserver sa fertilité après un traitement lourd - fertilité féminine

Publié le 3 juin 2016 Mis à jour le 15 novembre 2017

Les principales techniques de préservation de la fertilité féminine en cas de traitement contre le cancer.

Les techniques proposées diffèrent selon votre situation médicale et votre statut conjugal (du fait de la réglementation). Cette page décrit les techniques les plus fréquemment utilisées, en l’état actuel des connaissances.

Seules les femmes âgées de moins de 40 ans pourront bénéficier de mesures de préservation de la fertilité dans la mesure où les résultats des techniques sont très faibles au-delà de cet âge. Toutefois, les femmes de plus de 40 ans peuvent être reçues en consultation en vue de recevoir des informations sur la fertilité et les diverses modalités d’accès à la parentalité.

La technique de référence : stimulation ovarienne et prélèvement d’ovocytes

La stimulation ovarienne est accessible aux femmes:
  • en âge de procréer;
  • qui n’ont pas de contre-indication à un traitement hormonal;
  • qui peuvent attendre deux à trois semaines avant de débuter le traitement de leur maladie.

La stimulation ovarienne ne peut pas être proposée dans les cas suivants:
  • en situation d’urgence;
  • si le traitement a déjà débuté (par exemple en cours de chimiothérapie);
  • aux femmes qui ont des cancers hormono-dépendants (cancer du sein par exemple).

La stimulation ovarienne consiste à induire la production d’ovules (ovocytes) matures par les ovaires sous l’effet d’un traitement (en injection par voie sous-cutanée) par la FSH - ou hormone folliculostimulante - pendant une dizaine de jours. Ensuite, un prélèvement d’ovocytes est réalisé par les voies naturelles, par ponction intravaginale. Les ovocytes ponctionnés seront soit congelés (vitrifiés) immédiatement, soit fécondés par fécondation in vitro (FIV). Les ovocytes ou embryons résultant de la fécondation in vitro (FIV) sont conservés en laboratoire. Le traitement et la procédure durent deux à trois semaines. Les ovocytes ou embryons peuvent rester congelés plusieurs années, sans altération de leur potentiel.

Si vous ne pouvez pas suivre de traitement hormonal: MIV ou prélèvement de tissu ovarien


La maturation ovocytaire in vitro (MIV) s’adresse aux femmes qui ne peuvent pas suivre de traitement hormonal, par exemple si elles ont un cancer hormono-dépendant tel que le cancer du sein. On propose alors une « vitrification sans stimulation », la vitrification étant une technique de congélation.

Concrètement, un prélèvement est réalisé pour recueillir des ovocytes immatures. Il s’agit d’une ponction réalisée à travers le vagin, sous sédation. Les ovocytes recueillis sont des ovocytes dits immatures, car ils n’ont pas subi de stimulation hormonale. Ils sont mis en culture pendant 24 à 48 heures, en laboratoire, pour obtenir des ovocytes matures (maturation ovocytaire in vitro ou MIV). Environ la moitié des ovocytes atteindront le stade mature. Ils pourront ensuite soit être congelés ou cryopréservés, soit être fécondés en laboratoire (fécondation in vitro ou FIV).

Une des limites de cette technique est que le recueil des ovocytes est relativement aléatoire. Par ailleurs, le potentiel des ovocytes et embryons cryopréservés après MIV est moins bon que lorsque les ovocytes sont obtenus après stimulation ovarienne.

Une autre possibilité consiste à prélever sous cœlioscopie – une intervention chirurgicale mini-invasive – du tissu ovarien qui sera conservé, pour pouvoir être greffé à la patiente lorsqu’il sera possible pour cette dernière de démarrer un projet de grossesse. Cette technique est également proposée pour les petites filles et filles qui ne sont pas encore pubères et n’ont pas d’ovocytes matures.


En accord avec le conjoint: la conservation des embryons


Après avoir suivi une procédure de recueil d’ovocytes, soit par stimulation ovarienne, soit par maturation in vitro, ces derniers peuvent être fécondés en laboratoire. On réalise une injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) en injectant un spermatozoïde directement dans l’ovocyte mature. Environ 60% des ovocytes ainsi fécondés donnent lieu à un embryon. Les embryons sont ensuite « vitrifiés » (congelés) 24 ou 48 heures plus tard. Les taux de survie après dévitrification sont de l’ordre de 90%.

Le biologiste vous précise exactement combien d’embryons seront conservés. Vous serez contactée chaque année pour savoir si vous souhaitez poursuivre la conservation de ces embryons. Au moment de la mise en œuvre d’un projet de grossesse, il faudra une demande des deux membres du couple pour pouvoir décongeler des embryons, selon la législation française. A ce moment-là, et en accord avec le médecin, les embryons pourront être transférés dans l’utérus de la patiente, après un traitement hormonal.

Rappelons que la conservation des embryons ne peut être proposée qu’aux femmes ayant un conjoint masculin. En cas de séparation, la femme ne pourra pas avoir accès aux embryons.

Patientes célibataires: la conservation des ovocytes

La conservation des ovocytes représente actuellement la seule option pour les patientes célibataires, qui ne peuvent accéder à la conservation des embryons.

Dans cette technique, les ovocytes recueillis, soit par stimulation ovarienne, soit par maturation in vitro (MIV), sont congelés. Le biologiste vous précise exactement combien d’ovocytes ont été prélevés et seront conservés. Vous serez recontactée chaque année pour savoir si vous souhaiter poursuivre la conservation de ces ovocytes. Les ovocytes pourront ensuite être décongelés dans le cadre d’un projet de grossesse.

Bien que plus récente, la conservation des ovocytes par congélation ou cryoconservation ovocytaire a connu au cours de la dernière décennie des avancées majeures, notamment grâce aux progrès de la vitrification. Les taux de survie ovocytaire après décongélation sont désormais de l’ordre de 80%, conduisant pour certains centres à des taux de grossesse similaires à ceux obtenus avec des ovocytes non vitrifiés.

Lors d’un prélèvement, le biologiste vous précise exactement ce qui a pu être conservé. Vous êtes contactée chaque année pour savoir si vous souhaitez poursuivre la procédure de conservation. L’utilisation des gamètes ou des embryons ne peut se faire qu’après accord de grossesse par le médecin oncologue.