Le Rémifentanil, une alternative aux curares pour l’induction anesthésique en séquence rapide ?

En 2018, le projet REMICRUSH, porté par le Dr Nicolas Grillot (spécialisé en anesthésie - réanimation au CHU de Nantes), était lauréat du Programme de recherche clinique interrégional de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS). Les résultats de ce projet finalisé en septembre 2021 ont fait l’objet d’une publication cette année dans la revue JAMA.


Contexte

Chaque année dans le monde, plusieurs millions de patients nécessitent une anesthésie générale en urgence. L’inhalation gastrique est une complication anesthésique rare mais sévère d’autant plus chez le patient considéré comme « estomac plein ». Afin de prévenir cette complication, une intubation trachéale au cours d’une induction dite « en séquence rapide » est nécessaire. Après une préoxygénation soigneuse, l’anesthésiste associe classiquement un hypnotique et un curare (relâchement musculaire rapide). Cependant, les curares sont associés à certains effets secondaires tels qu’une anaphylaxie, une curarisation prolongée, des troubles métaboliques voire des complications respiratoires postopératoires. L’association d’un même agent hypnotique au Remifentanil (un morphinique d’action rapide) a été proposée comme une alternative à la combinaison classique hypnotique - curare), mais sa non infériorité n’était pas démontrée.


Méthode

1150 patients (18 – 80 ans) ont été inclus dans cette étude multicentrique randomisée impliquant 15 établissements de santé. Après injection d’un hypnotique, une dose du curare ou de Remifentanil était administrée aux patients.


Résultats

L’intubation trachéale à la première laryngoscopie et sans complication majeure a été un succès chez 71,6 % des patients du groupe curare contre 66,1 % pour les patients du groupe Remifentanil. Les analyses statistiques démontrent que l’utilisation du Remifentanil ne satisfait pas aux critères de non infériorité composite retenu et est même inférieure, en comparaison aux curares d’action rapide. Ces résultats participent ainsi à une meilleure prise en charge anesthésique des patients admis au bloc opératoire.

https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2800025

Dr Nicolas Grillot
Je tiens particulièrement à remercier les équipes de recherche, ainsi que les équipes médicales et paramédicales du CHU de Nantes pour leur aide à la concrétisation de ce projet.