Qu’est-ce qu’un cancer du col de l’utérus ?

Un cancer du col de l’utérus est une maladie de la muqueuse du col de l’utérus, autrement dit du tissu qui le recouvre. Il se développe à partir d’une cellule initialement normale qui se transforme et se multiplie de façon anarchique.

Le col de l’utérus mesure environ 2 centimètres de long et comprend deux parties :

• une partie haute, appelée endocol ou canal endocervical, située du côté du corps de l’utérus ; A ce niveau l’épithélium (ou revêtement) contient des glandes qui produisent un mucus (épithélium glandulaire).

• une partie basse, appelée exocol. Situé du coté du vagin, l’exocol est visible à l’œil nu lors de l’examen gynécologique. A ce niveau l’épithélium est semblable à celui de l’épiderme de la peau (épithélium malpighien).

À la limite de l’endocol et de l’exocol, se trouve la zone de jonction entre ces deux épithéliums. C’est ici que prennent naissance la plupart des cancers.

La quasi-totalité des cancers du col de l’utérus sont des carcinomes, c’est-à-dire des tumeurs qui naissent au niveau de l’épithélium. Environ 15% sont des adénocarcinomes qui se développent à partir de l’épithélium de l’endocol.

Pour 85% d’entre eux, ce sont des carcinomes épidermoïdes : ils se développent à partir de l’épithélium de l’exocol.

Avec près de 3 000 nouveaux cas chaque année, le cancer du col de l’utérus est le 11e cancer féminin. Il touche majoritairement les femmes de 40 ans. On en guérit dans un grand nombre de cas.


Comment se développe un cancer du col de l’utérus ?

Dans la très grande majorité des cas, le cancer du col de l’utérus est dû à une famille de virus qui se transmettent par voie sexuelle: les papillomavirus humains ou HPV.

L’infection par ce virus est fréquente puisqu’elle touche 9 personnes sur 10 et, le plus souvent, sans conséquence puisqu’elle disparaît spontanément.

Cependant, il arrive que le virus persiste pendant plusieurs années au niveau du col de l’utérus.

 Il peut alors provoquer des lésions dites précancéreuses :

On parle de dysplasies ou de néoplasies cervicales intra-épithéliales (CIN).

Ces lésions peuvent évoluer de différentes manières : elles peuvent disparaître spontanément, persister ou se transformer en cancer.

Plus ces dysplasies envahissent en profondeur l’épithélium, plus elle sont de haut grade jusqu’à envahir toute la hauteur de l’épithélium formant ainsi un cancer in situ.

Si ces cellules dépassent l’épithélium et s’étend plus profondément dans la muqueuse, on parle alors de cancer invasif.

Ces lésions évoluent sur plusieurs années. Le cancer se développe en moyenne en 10 à 15 ans après l’infection persistante par le papillomavirus.

On comprend alors bien l’importance du dépistage du cancer du col de l’utérus qui passe désormais par la réalisation d’un frottis cervico-utérin avant 30 ans et d’un test HPV après 30 ans et jusqu’à 65 ans.

Renseignez vous auprès de votre médecin traitant, de votre sage-femme ou de votre gynécologue

Le dépistage du cancer du col de l'utérus - mon guide pratique 


Quels examens fait-on en cas de cancer du col de l’utérus ?

Le diagnostic de cancer du col de l’utérus peut être fait de plusieurs façons :

  • Sur des biopsies du col : si l’aspect de votre col est anormal et suspect ou bien au cours d’un examen par colposcopie réalisé pour un frottis pathologique.
  • Sur une pièce de conisation : Cette opération chirurgicale simple consiste à découper en forme de cône la partie du col atteinte et à la retirer. Parfois, la conisation est faite pour des lésions de dysplasies et révèle malheureusement des cellules cancéreuses

Il existe peu de signes cliniques pouvant vous faire suspecter un cancer du col de l’utérus. Des saignements au cours des rapports peuvent être un de ces signes.

Lorsque que le cancer est confirmé. Le médecin doit alors, pour définir la meilleure prise en charge, en connaître l’étendue (la taille, l’atteinte d’éventuel autres organes)

Une IRM abdomino-pelvienne sera alors réalisée.

Dans certains cas, si le cancer est de taille importante, on réalisera également un TEP-scanner, qui permettra de rechercher des lésions à distance (des métastases).


Comment traite-on un cancer du col de l’utérus ?

Trois types de traitements sont utilisés pour traiter les cancers invasifs du col de l’utérus : la chirurgie, la radiothérapie (radiothérapie externe et curiethérapie) et la chimiothérapie.

Ces traitements peuvent être utilisés seuls ou associés les uns aux autres. Ils ont pour objectif, selon les cas :

• de supprimer la tumeur et/ou les métastases ;

• de réduire le risque de récidive ;

• de ralentir le développement de la tumeur ou des métastases ;

• de traiter les symptômes engendrés par la maladie.

Le choix de vos traitements dépend des caractéristiques du cancer dont vous êtes atteinte: l’endroit où il est situé, son type histologique, c’est-à dire le type de cellules impliquées, et son stade, c’est-à-dire son étendue.

Cette décision de traitement est prise en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) : réunion réunissant des chirurgiens, des cancérologues, des radiologues, des radiothérapeutes.

Votre âge, vos antécédents médicaux et chirurgicaux, votre état de santé global, ainsi que vos souhaits et notamment votre désir éventuel d’enfant sont également pris en compte.

La chirurgie : Pour les tumeurs de petites tailles (< 4cm)

La chirurgie est principalement utilisée pour traiter les tumeurs limitées au col de l’utérus, c’est-à-dire qui ne se sont pas propagées au-delà. La chirurgie a pour but de supprimer la totalité de la tumeur et d’éliminer le risque de récidive.

En cas de cancer in situ, la conisation (découpe en forme de cône la partie du col atteinte) sera parfois suffisante pour traiter votre cancer.

Cependant, le plus souvent, la chirurgie consiste à retirer l’utérus et le réseau de ganglions lymphatiques situés à proximité de l’utérus. Plusieurs types d’interventions existent.

L’intervention la plus fréquemment réalisée est la colpo-hystérectomie élargie.

Lors de cette intervention, le chirurgien retire l’utérus, les paramètres (qui sont les tissus situés autour de l’utérus) et la partie supérieure du vagin. Le plus souvent, les ovaires doivent également être retirés. La colpo-hystérectomie élargie est proposée pour traiter les tumeurs limitées au col de l’utérus et de taille inférieure à 4 centimètres.

Hystérectomie = ablation de l’utérus

Colpo-hystérectomie = ablation de l’utérus et de la partie supérieure du vagin

Colpo-hystérectomie élargie = ablation de l’utérus, de la partie supérieure du vagin et des paramètres (tissus situés autour de l’utérus)

Curages pelviens = ablation des ganglions situés autour de l’utérus

La colpo-hystérectomie élargie peut être précédée d’une curiethérapie réalisée 6 à 8 semaines avant l’intervention. La curiethérapie pré-opératoire permet de réduire la taille de la tumeur pour favoriser son retrait en totalité lors de la chirurgie.

Curiethérapie = Rayons administré localement sur le col et les tissus adjacents par un dispositif intra-vaginal.

La radiothérapie et la chimiothérapie : pour les tumeurs de plus grande taille (> 4 cm)

La radiochimiothérapie concomitante qui associe une radiothérapie externe, une curiethérapie et une chimiothérapie est le traitement de référence des tumeurs de plus de 4 centimètres et des tumeurs qui se sont propagées au-delà du col de l’utérus, dans le pelvis.

La radiothérapie externe utilise un appareil appelé accélérateur linéaire de particules. Celui-ci permet de produire des rayons et de les diriger, à travers la peau, vers la tumeur et certains tissus voisins. Le temps d’irradiation pour chaque séance est de courte durée, de l’ordre de quelques minutes. L’appareil tourne autour de vous sans jamais vous toucher. L’irradiation est invisible et indolore. Vous ne ressentez aucune sensation particulière.

Plusieurs séances sont nécessaires. Elle sont en général quotidienne, 5 jours sur 7 pendant plusieurs semaines. Le plan de traitement est défini par le radiothérapeute

La curiethérapie est une radiothérapie interne. Elle consiste à placer des éléments radioactifs (de l’iridium ou du césium) directement à l’intérieur de l’organisme, soit au contact de la tumeur, soit dans la tumeur elle-même. Les éléments radioactifs, qu’on appelle aussi sources radioactives, sont insérés dans un applicateur qui a été introduit dans le vagin et placé contre la tumeur.

Cette curiethérapie nécessite une hospitalisation dont la durée varie de 2 à 6 jours en général. Du fait de l’utilisation de sources radioactives, vous êtes hospitalisée dans un service spécialisé en chambre protégée. Il s’agit d’une chambre d’aspect extérieur normal (avec fenêtre), mais dont les murs disposent d’une protection renforcée vis-à-vis des rayonnements radioactifs.

Les médicaments de chimiothérapie détruisent les cellules cancéreuses en agissant sur leurs mécanismes de division. La chimiothérapie est un traitement général (appelé aussi traitement systémique) qui agit dans l’ensemble du corps. Cela permet d’atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation, même si elles sont isolées et n’ont pas été détectées lors du diagnostic.

La chimiothérapie administrée lors de la radiochimiothérapie concomitante repose le plus souvent sur des médicaments à base de sels de platine comme le cisplatine, associés éventuellement au fluoro-uracile (5FU).

La durée totale du traitement est variable. Il se déroule soit de façon continue, tous les jours pendant une période donnée, soit de façon fractionnée, par cycles qui alternent une cure et une période de repos. Dans le cas le plus fréquent de la radiochimiothérapie concomitante, la chimiothérapie dure habituellement 5 semaines, à raison d’une cure par semaine.

Cette chimiothérapie nécessite la pose d’une chambre implantable, par laquelle elle sera administrée.

Les effets indésirables les plus fréquents liés à cette chimiothérapie sont :

  • Les nausées et vomissements
  • Les diarrhées
  • La baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes
  • Les lésions de la bouche : aphtes, rougeurs, douleurs
  • Les sensations d’engourdissement ou de fourmillement
  • La perte d’appétit
  • La chute des cheveux : elle est cependant rare au cours de ce traitement

En quoi consiste la radiochimiothérapie concomittante ?

Concrètement, le protocole consiste le plus souvent à réaliser 5 séances de radiothérapie externe et une séance de chimiothérapie, par semaine, pendant 5 semaines. Les séances de radiothérapie externe et de chimiothérapie sont réalisées en ambulatoire, c’est-à-dire que vous ne restez à l’hôpital que le temps des séances et rentrez chez vous le jour même. Parfois, une séance de chimiothérapie est proposée pendant la curiethérapie. Huit à 10 jours après la fin des séances de radiothérapie externe, la curiethérapie est réalisée.

La surveillance après le traitement

Une fois votre cancer traité, une surveillance est absolument nécessaire

Elle consiste en un examen clinique par le gynécologue et / ou le cancérologue / radiothérapeute :

    • tous les 4 à 6 mois pendant 2 ans
    • tous les 6 mois les 3 années suivantes
    • puis 1 fois par an.

Dans certaines situations, des examens complémentaires sont également réalisés : Un Scanner thoraco-abdomino-pelvien annuel ou un TEP-scanner en cas d’atteinte initiale des ganglions par exemple. Les examens sont orientés en fonction des signes d'appel cliniques, du stade initial de la maladie, du risque de récidive et du traitement initial.

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