Comment dois-je coter, en acte médical d’orthophonie (AMO), un bilan d’un patient porteur d’une fente ?

Selon la nomenclature du 1er juillet 2019, vous cotez le bilan initial en tant que « bilan des fonctions oro-myo-faciales et de l’oralité : AMO 34 ». Cependant si la plainte n’est pas liée à la fente, réajustez votre cotation.


Que dois-je demander spécifiquement lors de l’anamnèse d’un patient porteur d’une fente ?

L’anamnèse d’un patient porteur d’une fente suivra votre trame habituelle. Néanmoins certaines questions spécifiques doivent être posées pour vous renseigner sur l’origine et les manifestations de l’insuffisance vélopharyngée :
 
  • Quel était le type de fente à la naissance ?
  • S’inscrit-elle dans le cadre d’une forme syndromique ?
  • Quelles chirurgies ont été réalisées et quelles sont les chirurgies prévues ?
  • Quel est le chirurgien référent ? pour pouvoir le contacter si besoin.
  • Comment le patient respire-t-il le plus souvent ? Si la respiration est buccale, cela aura des répercussions sur le positionnement lingual, la croissance de la mâchoire et le positionnement de l’articulé dentaire.
  • Le mouchage est-il possible ? Cette information vous renseignera sur la capacité du patient à contrôler le flux d’air nasal et vous donnera une idée de la perméabilité des fosses nasales. En outre, cela devra faire l’objet d’un apprentissage si ce n’est pas acquis.
  • Un ORL a-t-il été consulté récemment ? Il est en effet fréquent que les jeunes patients présentent des troubles ORL comme des otites, des baisses d’audition ou encore un dysfonctionnement tubaire. Cette question permet d’écarter et de traiter certaines étiologies concernant les troubles observés.
  • Comment se passe l’alimentation ? Les enfants porteurs d'une fente peuvent présenter des troubles de l’oralité ainsi que des reflux nasaux. Cette question peut donc amener, dans certains cas, à une prise en charge de l’oralité alimentaire. La présence de reflux nasaux est le signe d’une insuffisance vélaire, qui nécessitera une prise en soin orthophonique.
  • Quelle est la qualité du sommeil ? y a-t-il des ronflements ? La qualité du sommeil peut être perturbée par une respiration buccale et/ou des apnées obstructives engendrant de la fatigue. Une hypertrophie des amygdales peut en être la cause et contribuer à l’hypomobilité du voile.
  • Observez-vous une fatigue vocale en fin de journée ? Cela peut indiquer une brièveté du voile. Cette fatigue est un marqueur des efforts que le patient réalise pour obtenir une bonne étanchéité vélopharyngée.
  • Existe-t-il une dysphonie ?

Que dois-je évaluer lors du bilan initial ?

  • Un bilan de la phonation doit systématiquement être réalisé pour évaluer la voix et la parole (voir la rubrique « Annexes » pour consulter une trame de bilan de phonation utilisable dans le cadre des fentes labio-palatines mais aussi lorsque l’étiologie est inconnue).
  • Pour l’évaluation spécifique de la voix, vous pouvez utiliser une grille et/ou des instruments de mesure acoustique et aérodynamique pour recueillir des données objectives.
  • Puis, vous évaluerez l’articulation, la parole et le langage grâce aux productions de phonèmes isolés, au discours spontané et aux épreuves standardisées. Cela vous permettra d’écarter un éventuel retard de parole et/ou de langage.
  • Le bégaiement réclame une vigilance car il peut être associé à une fente labio-palatine. La pression mise sur le langage peut induire ou renforcer un bégaiement.

Quels éléments sont à observer lors du bilan ? Et quelles indications cela me donne-t-il ?

Tout au long de votre rencontre avec le patient, il vous faudra avoir un regard attentif sur plusieurs éléments.
 

Quel est le matériel recommandé pour l’évaluation d’une insuffisance vélopharyngée ?

Le miroir de Glatzel (image 1) est un outil indispensable pour votre évaluation. Il vous permettra de visualiser une déperdition nasale. Vous pouvez aussi vous munir d’une petite lampe pour observer le voile du palais et d’un enregistreur audio et vidéo pour garder une trace et faire des comparaisons qualitatives.

Un imagier peut vous être utile pour une première évaluation du langage oral. Enfin, vous pouvez utiliser un aérophonoscope ou anémosonomètre (image 2) si vous en possédez.  Ce dernier permet d’enregistrer la voix tout en visualisant les flux d’air (nasal et buccal) à travers des courbes.

Par ailleurs, il n’existe, à ce jour, pas de test étalonné permettant de quantifier une insuffisance vélopharyngée.