Définition

Dans la clinique francophone, le terme de dyspraxie est encore employé pour définir un trouble d’apprentissage moteur. Cependant, au sein des manuels diagnostiques internationaux, la dyspraxie ne dispose pas de référencement propre. Depuis 1995, le consensus international s’est mis d’accord sur le terme de Trouble Développemental de la Coordination (TDC) qui regroupe les troubles moteurs dans la catégorie des troubles neuro-développementaux.

Le Trouble Développemental De La Coordination (TDC) se définit comme un trouble spécifique, structurel et durable pouvant toucher la planification, la programmation et l’exécution des mouvements volontaires. Ce trouble toucherait environ 5 à 6% des enfants scolarisés (5-11 ans). Il existerait 1 à 2 % de formes sévères. Le trouble développemental de la coordination (TDC) se manifeste principalement dans des habiletés gestuelles, impactant les apprentissages scolaires , les activités de la vie quotidienne que ce soit à la maison ou dans les activités extra scolaires sportives ou manuelles.

Pour rappel, les critères diagnostiques du DSM-5 sont les suivant :

  1. L’acquisition et l’exécution de bonnes compétences de coordination motrice sont nettement inférieures au niveau escompté pour l’âge chronologique compte-tenu des opportunités d’apprendre et d’utiliser ces compétences. Les difficultés se traduisent par de la maladresse (ex: laisser échapper ou heurter des objets), ainsi que de la lenteur et de l’imprécision dans la réalisation de tâches motrices (ex: attraper un objet, utiliser des ciseaux ou des couverts, écrire à la main, faire du vélo ou participer à des sports).
  2. Les déficiences des compétences motrices du critère A interfèrent de façon significative et persistante avec les activités de la vie quotidienne correspondant à l’âge chronologique (ex: les soins et l’hygiène personnelle) et ont un impact sur les performances scolaires, ou/et les activités pré- professionnelles et professionnelles, les loisirs et les jeux.
  3. Le début des symptômes date de la période développementale précoce.
  4. Les déficiences des compétences motrices ne sont pas mieux expliquées par un handicap intellectuel ou une déficience visuelle et ne sont pas imputables à une affection neurologique motrice (infirmité motrice cérébrale, dystrophie musculaire, maladie dégénérative).

Cliniquement, les plaintes concernent souvent les activités de vie quotidienne (AVQ) (habillage, hygiène, repas…) et les situations d’utilisation d’outils (crayon, vélo, couverts, ...). Cela se traduit par une difficulté voire une impossibilité à automatiser les enchaînements moteurs qui se déclenchent normalement à l'évocation d'un but (par exemple faire ses nœuds de lacets). Cette absence d'automatisation est en relation avec une anomalie de développement de certains circuits cérébraux. Il est important de rappeler que le TDC n'est pas dû à un manque d'entraînement ou de motivation. Il se manifeste par une lenteur excessive et génère une fatigabilité, conduisant à une possible inattention secondaire. En effet, les capacités attentionnelles sont mobilisées sur l’acte moteur (non-automatisé), empêchant l’enfant d’être disponible à d’autres apprentissages. Les productions motrices sont généralement fluctuantes et difficilement transposables à un nouveau contexte.

Le TDC étant un trouble spécifique, il ne s'explique ni par une atteinte d’origine neurologique, ni par une déficience intellectuelle ou visuelle, ni par un trouble de la personnalité ou par un trouble psychique. Le trouble engendre un retentissement important dans la vie de l'enfant et de sa famille, et peut entrainer des réactions émotionnelles secondaires liées aux échecs répétés et aux difficultés scolaires (anxiété, isolement, perte de confiance en soi et dévalorisation). Toutefois, une fragilité du fonctionnement psychoaffectif peut être au premier plan et à l’origine des difficultés motrices. Dans ce cas, il est important de déterminer qu’elle est l’origine précisément des difficultés de l’enfant afin de proposer une remédiation adaptée. Par ailleurs, ces difficultés sont fréquemment associées à d’autres troubles de type attentionnel ou encore langagier, qui n’aide pas à la compréhension étiologique du TDC.

A ce jour, compte tenu de l’hétérogénéité des symptômes et des répercussions sur la vie de l’enfant, il n’existe pas de consensus sur une typologie du TDC (voir rapport INSERM, 2019). En effet, ce terme recouvre une diversité d’atteintes (motricité globale, motricité fine, graphisme, compétences visuo-spatiales) et de répercussions sur la qualité de vie des enfants atteints de TDC. A noter qu’un trouble du graphisme isolé ne justifie à lui seul un diagnostic de TDC. Il doit être associé à une perturbation plus globale de la motricité fine.

Étant donné la complexité du trouble, le diagnostic ne peut être établi qu’après une série d’examens pluridisciplinaires qui permettra de s’assurer que le TDC est un trouble primaire et non la conséquence d’une pathologie secondaire. Les bilans (psychologiques, psychomoteurs, ergothérapeute) permettront également de déterminer la nature du trouble et le degré de sévérité de chacun des symptômes (gestuel, constructif, visuo-spatial), en tenant compte du contexte d’apparition des troubles, de l’âge de l’enfant (diagnostic pas avant 5 ans compte tenu d’une variabilité du développement moteur dans l’enfance), du contexte médical, des opportunités d’expérimentation et du caractère primaire du trouble. Cela permettra de proposer à l’issu du bilan pluridisciplinaire des adaptations et prises en charge spécifiques aux difficultés de l’enfant. Enfin, un recul évolutif (évaluation à distance suite à la mise en place de rééducation) est indispensable afin d’évaluer la persistance ou non des symptômes, et permettre de distinguer un simple retard de développement moteur, qui va ensuite être rattrapé par l’enfant, d’un trouble durable.


 

Les signes d’alerte (données non-exhaustives)

Dans le développement et au quotidien

  • Retard dans le développement psychomoteur (retournement, rampement, quatre pattes, marche, course, saut, lancer…)

  • Maladresse dans les déplacements (chute, cogne) et dans la manipulation des objets (casse, renverse)

  • Peu d’investissement des activités graphiques, dessins pauvres

  • Peu d’attrait vers les jeux de construction (puzzles, Lego, kappla)

  • Difficultés dans les activités motrices (vélo, natation, sports individuels et/ou collectifs)

  • Difficultés ou lenteur dans les activités de vie quotidienne : l'habillage, le chaussage, les repas et les soins d’hygiènes

  • Peu d’exploration motrice spontanée, besoin de proximité, de réassurance de l’adulte

  • Stratégie d’évitement (refuse d’aller au parc, évite les jeux en groupe)

  • Difficultés à se repérer dans le temps et l’espace

Les enfants présentant un TDC sont donc fatigables au fil des tâches et de la journée. Malgré leur envie de participer, ils sont souvent caractérisés de lents ou "patauds". De façon générale, ces enfants préfèrent les activités de langage (histoires écoutées ou créées, télévision...) aux activités de construction, puzzles, dessins et ont souvent un univers imaginaire très riche.


 

Au niveau scolaire

Les étapes des apprentissages peuvent être à chaque fois révélatrices de difficultés praxiques et de troubles réactionnels du comportement.

En maternelle

  • Manquant d’aisance dans les activités motrices globales (chutes fréquentes)

  • Difficultés en motricité fine (coller, découper)

  • Difficultés graphiques (pauvreté du dessin, manque de soin, coloriage immature).

  • Manque d’autonomie pour se préparer (mettre son manteau, se laver les mains, se moucher)

  • Difficultés de repérage dans le temps et l’espace, pour le dénombrement


En école élémentaire

Malgré le bon niveau de langage et raisonnement (parfois même poussées dans certains domaines), des difficultés gestuelles importantes se révèlent :

  • Dans la manipulation des outils scolaires (règle, ciseaux, compas)

  • Pour les activités de graphisme (qualité, copie de figures)

  • Pour l’orthographe (forme des lettres non stable)

  • Dans le calcul (pose d’opération)

  • En géographie (carte du monde, plan)

à Ses difficultés peuvent se répercuter sur le comportement de l’enfant qui paraîtra distrait, peu appliqué, se défendant à l'oral mais ne réalisant rien ou très mal malgré les modèles, opposant, en difficulté relationnelle avec les autres, associé par fois à une réserve comportementale voire à une passivité.


Au collège

Malgré des prises en charge et/ou des adaptations, des difficultés peuvent persister dans le secondaire :

  • Pour les activités graphiques (vitesse d’écriture, quantité et qualité des prises de notes)

  • En mathématiques (géométrie, pose des opérations, tableau à double entrée)

  • Dans l’organisation cartable (choix des cahiers, anticipation des devoirs)

  • Lors du repérage dans l’établissement (changement de salles)

à L’ensemble de ces difficultés peut se répercuter sur la lecture qui peut être lente, hésitante, associée des sauts de mots, des sauts de lignes, une difficulté d'automatisation des mouvements de la tête et des yeux, parfois même des confusions de lettres visuellement proches.