comment me préparer à un traitement par chimiothérapie?

Publié le 12 juin 2008 Mis à jour le 22 avril 2015
La chimiothérapie est un traitement chimique administré par voie veineuse, par voie sous-cutanée ou par voie orale. Son objectif est de détruire les cellules cancéreuses à l'origine de votre maladie. Les effets bénéfiques du traitement peuvent prendre un certain temps avant que vous puissiez les percevoir. Des effets secondaires au traitement peuvent également survenir. Afin que l'ensemble du traitement se passe au mieux, voici des explications et des conseils pratiques de surveillance.

Les troubles digestifs
Les nausées et les vomissements sont redoutés mais, aujourd'hui, ils sont moins fréquents et moins intenses grâce à l'action préventive de médicaments antiémétiques très puissants. Avant de débuter votre chimiothérapie, un antiémétique vous est administré. L'efficacité de ce médicament est évaluée et son dosage adapté quotidiennement. Sachez que les médicaments de chimiothérapie ne provoquent pas tous des nausées ou des vomissements. Toutes les personnes ne réagissent pas de la même façon aux médicaments, certaines étant plus sensibles que d'autres. Sous chimiothérapie, vous ressentirez une modification du goût des aliments, quelques conseils alimentaires pourront vous être proposés par l'équipe soignante.

Les troubles du transit

La diarrhée : Certaines chimiothérapies peuvent entraîner une diarrhée. Si elle est prolongée, elle peut entraîner une déshydratation. En complément du traitement prescrit par le médecin, quelques conseils adaptés permettent de prévenir ou de gérer cette diarrhée.

La constipation : D'autres chimiothérapies peuvent au contraire entraîner une constipation. Un régime approprié peut améliorer le transit. N'hésitez pas à demander des conseils à l'équipe soignante et à la diététicienne.

La toxicité au niveau des muqueuses
Certaines chimiothérapies fragilisent l'ensemble des muqueuses et notamment la muqueuse de la bouche, plus rarement celle de l'oesophage dans un délai de 5 à 7 jours après le traitement. Ce problème est appelé : mucite. Cette fragilisation
peut se manifester par une rougeur, des ulcérations ou une douleur. Le médecin vérifie l'absence de surinfection buccale et vous préconise des bains de bouche au bicarbonate avec parfois des anesthésiques locaux. Dans les cas les plus sérieux, la mucite peut entraver l'ingestion d'aliments et même de liquides et justifier l'utilisation de médicaments contre la douleur (morphine).
La baisse de vos globules blancs, induite par le traitement, vous rendra également plus sensible aux infections de la bouche et des gencives.

La toxicité cutanée (la peau, les cheveux, les ongles)

La peau : Une sécheresse cutanée peut apparaître. Elle est due à la toxicité de certaines chimiothérapies au niveau des mains et des pieds, avec possibilité de desquamation et de fissuration de la peau. L'application d'une crème adoucissante et
hydratante atténuera ces désagréments. La chimiothérapie accentue la photosensibilisation. La peau est particulièrement sensible aux rayons du soleil, l'exposition est donc interdite. Pour vous protéger, vous devez appliquer une crème écran total et porter un chapeau ou une casquette.

Les cheveux et poils : Les cellules à l'origine des poils et des cheveux sont sensibles à la chimiothérapie. Cela peut entraîner une perte des poils du corps (poils pubiens) et du visage (cils), et en particulier des cheveux, ce qu'on appelle alopécie.
La chute des cheveux est fréquente, souvent progressive. Même si les cheveux repoussent plus fins ou plus frisés au début, ils retrouvent peu à peu leur aspect initial. Toutes les chimiothérapies n'entraînent pas la chute des cheveux.
Certains patients préfèrent se raser la tête ou coupent leurs cheveux très courts avant que la chimiothérapie ne commence. De même, pour limiter la chute des cheveux, il vous est recommandé de faire des shampoings à l'eau tiède. Il n'est pas conseillé pendant la durée des chimiothérapies de teinter vos cheveux. Pour masquer ces effets, une perruque peut vous être prescrite par le médecin, dont une partie est remboursée par la caisse d'assurance maladie (76,22 €) ; le complément est remboursé par certaines mutuelles. Prenez contact avec la vôtre pour connaître le montant du complément. N'hésitez pas à demander au médecin une ordonnance.
Des revues peuvent être mises à votre disposition dans le service afin que vous puissiez voir les modèles et connaître les adresses des centres spécialisés.
Foulards, bandeaux, chapeaux ou casquettes sont également de bons compromis.

Les ongles : Certaines chimiothérapies peuvent entraîner une coloration noirâtre des ongles avec des stries, ceci est réversible à l'arrêt du traitement.

Les modifications sanguines
La chimiothérapie freine la production des globules et des plaquettes sanguines. Pour surveiller cette diminution, un examen sanguin, appelé hémogramme ou NFS (numération formule sanguine), vous est prescrit régulièrement. Certains éléments sont à surveiller plus particulièrement :
  • les globules blancs (ou leucocytes) : le taux le plus important à surveiller est celui des polynucléaires neutrophiles. Si le taux de ces derniers est très bas, cela s'appelle : la neutropénie. Le risque est l'infection si la neutropénie est
    associée à une fièvre, il est important de prévenir le service et de suivre attentivement l'ordonnance qui vous est délivrée et qui vous donne la conduite à tenir (surveillance de la température et traitement par antibiotique).
  • les globules rouges (ou hématies) : le taux le plus important à surveiller est celui de l'hémoglobine. Si celui-ci est trop bas, c'est une anémie. Vous pouvez vous sentir très fatigué(e), voire essoufflé(e). Il y aura donc une indication de
    transfusion de globules rouges ou une prescription d'érithropoïétine (EPO).
  • Les plaquettes (ou thrombocytes) : si celles-ci sont trop basses, c'est une thrombopénie. Le risque est l'hémorragie. Vous aurez peut-être certains signes comme des hématomes, des épistaxis, des gingivorragies. Il y aura donc une indication de transfusion de plaquettes.

La baisse profonde des globules rouges, globules blancs et plaquettes s'observe après certaines chimiothérapies et s'appelle aplasie.

La fatigue ou asthénie
Tout au long de votre maladie et de ses traitements, l'organisme dépense beaucoup d'énergie. La fatigue est un symptôme fréquent qui peut être lié à plusieurs facteurs : la maladie elle-même, la période d'aplasie, l'appréhension des examens et des traitements, les effets secondaires du traitement, tels qu'anémie, fièvre, nausées, vomissements, infection... La fatigue a des répercussions importantes sur les activités quotidiennes et sur votre qualité de vie. Aussi, il vous est conseillé de vous reposer tout en conservant néanmoins un minimum d'activités, si cela est possible.

La prise de corticoïdes
Votre traitement peut nécessiter l'utilisation de médicaments appelés corticoïdes. Ceux-ci sont prescrits pour quelques jours ou pour une période plus longue, en fonction de la pathologie et de la situation clinique.Les corticoïdes peuvent présenter certains effets secondaires : maux d'estomac, prise de poids, oedèmes, énervement,
insomnies, déséquilibre d'un diabète connu. Afin d'éviter ces désagréments, nous vous conseillons de prendre vos comprimés le matin au milieu du repas et de suivre un régime pauvre en sel et en sucre, pendant la durée du traitement. Ces effets secondaires sont surtout rencontrés lors de la prise prolongée de doses fortes.

Les conséquences sur la fertilité
Chez l'homme, certaines chimiothérapies peuvent entraîner une diminution de la fertilité, voire une stérilité. Si vous projetez d'avoir un enfant, il peut être utile de réaliser un prélèvement de sperme et de le conserver dans une banque de sperme (CECOS) avant de débuter votre traitement de chimiothérapie. Chez la femme, la chimiothérapie peut entraîner des modifications du cycle menstruel avec des cycles irréguliers, menant parfois à une aménorrhée transitoire ou définitive. La récupération de cycles est propre à chaque patiente. Si la patiente est proche de l'âge physiologique de la ménopause, le risque de ménopause installée est élevé.
On peut observer une reprise de la fonction ovarienne dans les mois et parfois jusqu'à quelques années après la fin de la chimiothérapie. Les irrégularités de cycles et ses aménorrhées transitoires nécessitent une contraception qui ne doit pas être interrompue durant les traitements. Il n'y a pas de contre-indication à une grossesse ultérieure, à distance de la chimiothérapie, si la pathologie cancéreuse permet de l'envisager.