Publié le 18 juin 2008 Mis à jour le 7 novembre 2018

Informations médicales avant la réalisation d'une bucco-pharyngectomie trans-mandibulaire.

La bucco-pharyngectomie trans-mandibulaire est l'ablation d'une partie du fond de la bouche en sectionnant ou en enlevant une partie de la mâchoire inférieure.Afin que vous soyez clairement informé du déroulement de cette intervention, nous vous demandons de lire attentivement ce document d'information. Votre chirurgien est à votre disposition pour répondre à toutes vos questions. N'oubliez pas de dire à votre chirurgien les traitements que vous prenez régulièrement, et en particulier Aspirine, anticoagulants... N'oubliez pas de signaler si vous avez déjà présenté des manifestations allergiques, en particulier médicamenteuse. Enfin n'oubliez pas d'apporter, lors de l'hospitalisation, les documents médicaux en votre possession : prises de sang, examens radiologiques notamment.

But de l'intervention

La bucco-pharyngectomie trans-maxillaire (BPTM) est une opération destinée à enlever une tumeur cancéreuse située au niveau de l'amygdale et/ou du fond de la gorge qui, sans traitement, évoluerait inéluctablement jusqu'à mettre votre vie en jeu.

Réalisation de l'intervention

Cette intervention s'effectue sous anesthésie générale. Il est de la compétence du médecin-anesthésiste-réanimateur que vous verrez en consultation préalable à l'intervention de répondre à vos questions relatives à sa spécialité. L'intervention s'effectue par une incision cutanée qui laissera une cicatrice située au niveau du cou et du menton. Elle peut remonter jusqu'à la lèvre inférieure qui peut parfois être incisée au milieu. Cette incision permettra de sectionner votre mâchoire pour retirer une lésion sous contrôle de la vue. L'incision est également prévue pour permettre d'enlever les ganglions du cou (curage ganglionnaire).
L'ablation de la tumeur nécessite d'enlever, en fonction de la taille et de sa localisation :

  • tout au partie de la loge de l'amygdale;
  • une partie postérieure de la langue;
  • une partie du voile.

Le fragment de mâchoire en regard de la tumeur est parfois retiré définitivement ou remis en place et fixé comme pour une fracture. La brèche opératoire peut être réparée par simple suture si la tumeur est de petite taille. Si la tumeur est de taille plus importante, la fermeture sera effectuée à l'aide d'un prélèvement de peau et de muscle, le plus souvent au niveau du thorax, créant alors une cicatrice supplémentaire au niveau de la région mammaire ou sous l'aisselle. En fin d'intervention, une sonde pour l'alimentation est mise en place par le nez jusque dans l'estomac. Certains utilisent plus volontiers une gastrostomie (sonde mise directement dans l'estomac par l'intermédiaire d'une petite incision cutanée au niveau de l'abdomen). Cette sonde sera maintenue jusqu'à ce que vous puissiez à nouveau vous alimenter par la bouche.
Lorsque l'intervention a été importante, pour des raisons de sécurité respiratoire, le chirurgien est obligé de réaliser une trachéotomie, qui consiste à mettre, provisoirement, un tuyau dans votre trachée pour vous permettre de respirer sans problème. Ce tuyau ou canule sera lui-même retiré dans un délai variable après l'intervention. L'orifice cutané, situé à la base du cou, se refermera tout seul. Des petits drains aspiratifs, qui permettent d'éviter la survenue d'un hématome, seront placés dans le cou et laissés en place quelques jours. Des médicaments seront administrés contre la douleur post-opératoire de telle sorte que vous ne souffriez pas. Différents pansements seront réalisés au cours de cette hospitalisation qui sera d'une durée de plusieurs semaines.
Vous quitterez l'hôpital lorsque vous aurez pu reprendre votre alimentation et lorsqu'on aura pu retirer votre canule de trachéotomie. Cependant, dans certains cas, nous autorisons nos patients à regagner leur domicile ou à partir en maison de repos, alors qu'ils sont encore porteurs d'une sonde d'alimentation. Cette alimentation peut, en effet, pendant quelque temps être poursuivie à domicile, sans aucune difficulté.
Dans certains cas, cette intervention chirurgicale sera complétée par des rayons. Ce traitement est réalisé dans un centre de radiothérapie et s'étale sur une période d'environ un mois et demi. Bien toléré au début il est générateur, à partir du 15ème jour environ, de sensations douloureuses, désagréables ou d'une gêne à la déglutition qui céderont ultérieurement. Avant la radiothérapie, une mise en état de la bouche est indispensable : extractions dentaires, applications quotidiennes de fluor à l'aide de gouttières sur les dents restantes. Il est de la compétence du radiothérapeute de vous expliquer les modalités de ce traitement et de répondre à toutes vos questions concernant sa spécialité.

Risques immédiats

L'hémorragie post-opératoire est rare. Elle peut cependant nécessiter, dans certains cas, une réintervention pour hémostase.
En cas d'hématome, une évacuation chirurgicale peut être nécessaire. Il peut, d'autre part, être source d'infection.
Des troubles de cicatrisation peuvent prolonger votre hospitalisation et éventuellement nécessiter une réintervention, notamment au cas de communication anormale entre la bouche et la peau, ce que l'on appelle fistule.
En cas de curage (chirurgie ganglionnaire) étendu, un épanchement de lymphe peut survenir ; il pourra mettre plusieurs semaines à se tarir et/ou nécessiter une réintervention. La fréquence et la gravité de ces différentes complications sont majorées en cas de radiothérapie préalable.

Risques secondaires

La trachéotomie peut être responsable d'incidents tels que :

  • une obstruction de la canule par des bouchons liés à une hypersécrétion de votre trachée ou de vos bronches. Ceci nécessite des nébulisations ou aérosols fréquents, voire continus, ainsi que des soins locaux appropriés (aspiration, traitements fluidifiants);
  • un déplacement de canule responsable d'une gêne respiratoire pour laquelle vous devez alerter immédiatement le personnel médical. La remise en place immédiate de la canule fera céder immédiatement cette gêne respiratoire.

Votre alimentation devra être adaptée et vous pourrez ressentir une gêne durable pour mastiquer et avaler les aliments. Ceci est surtout lié à des troubles dans l'ouverture et la fermeture de la bouche, parfois très discrets, parfois très gênants. On note également une sécheresse de la bouche liée à la radiothérapie.
La cicatrice, habituellement indolore, peut être sensible et cela doit s'atténuer avec le temps. Par contre, au niveau du menton, persiste souvent une insensibilité, ainsi qu'un gonflement variable L'exérèse des ganglions du cou (curage) est souvent responsable de séquelles douloureuses au niveau du cou et de l'épaule. Des séances de kinésithérapie permettront de diminuer cet inconfort.
Enfin, plusieurs mois ou années après la fin de la radiothérapie, des complications de nécrose osseuse peuvent survenir (ostéo-radio-nécrose), révélées par des douleurs et/ou une petite suppuration au niveau des gencives, qui nécessiteront un traitement approprié.
Cette intervention ne met pas à l'abri du risque de récidive tumorale ultérieure.

Complications grave et/ou exceptionnelles

Tout acte médical, investigation, exploration, intervention sur le corps humain, même conduit dans des conditions de compétence et de sécurité conformes aux données actuelles de la science et de la réglementation en vigueur, recèle un risque de complication. Il faut signaler la possibilité d'existence d'hémorragies par rupture des gros vaisseaux du cou. Ceci se produit, en règle, pendant la phase de cicatrisation donc pendant votre hospitalisation et nécessitera un geste d'hémostase d'urgence. Ce risque est bien entendu majoré si des rayons ont été effectués avant l'intervention.