Publié le 26 juin 2015 Mis à jour le 26 juin 2015

Depuis deux ans, le CHU de Nantes est le quatrième hôpital de France autorisé à proposer le diagnostic pré-implantatoire (DPI), un examen réservé aux parents risquant de transmettre à leurs enfants une maladie génétique grave. Après deux ans de fonctionnement, l'équipe du centre DPI a le plaisir de vous annoncer l'arrivée du premier "bébé DPI" du CHU de Nantes. Depuis cette première naissance, sept autres bébés sont nés et 20 grossesses sont en cours.

En juin 2013, le CHU de Nantes rejoint Paris, Strasbourg et Montpellier en créant un centre de DPI. Désormais, les parents susceptibles de transmettre à leurs enfants une maladie grave et incurable peuvent aussi s’adresser au CHU de Nantes : "Le plus souvent, c’est la naissance d’un premier enfant malade qui révèle la maladie génétique, explique le Pr Cédric Le Caignec, médecin généticien. Parfois, elle est découverte lors d’un bilan d’infertilité. En explorant davantage, on trouve souvent d’autres cas dans la famille."

Réaliser un DPI
Le DPI consiste en la réalisation d’un diagnostic biologique à partir de cellules prélevées sur un embryon obtenu par fécondation in vitro (FIV) : "À trois jours de développement après la fécondation de l’ovocyte, l’embryon est composé de quelques cellules. Nous en prélevons deux afin de savoir si l’embryon est atteint ou non de la maladie génétique familiale. Si un ou deux embryons sains sont présents et que leur développement au laboratoire de fécondation in vitro est favorable, ils peuvent alors être transférés dans l’utérus maternel.", explique le Pr Paul Barrière, biologiste de la reproduction. Le processus est long car il nécessite l’établissement d’une procédure personnalisée pour chaque couple à partir de l’étude de leurs cellules, ce qui peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Jusqu’en 2000 et l’autorisation du DPI en France, la détection d’une anomalie chez le fœtus se faisait essentiellement par amniocentèse, une fois la grossesse débutée et évolutive. En cas de diagnostic défavorable, une interruption médicale de grossesse est proposée au couple. Une expérience traumatisante et parfois répétée puisque, lorsque les deux futurs parents portent l’anomalie, le risque de transmission s’élève à un sur quatre, comme c’est le cas pour la mucoviscidose.

Pour bénéficier d’un DPI, les futurs parents doivent réunir les conditions réglementaires d’accès à l’assistance médicale à la procréation (couple, vivant, en âge de procréer). L’indication de DPI est posée après concertation d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal. La recherche génétique ne peut porter que sur l’anomalie génétique parentale susceptible d’être transmise.

Le taux de réussite d’une grossesse après DPI est le même que pour toutes les fécondations in vitro, soit 20 % à 30% en fonction de nombreux paramètres. La prise en charge par les organismes sociaux s’arrête après quatre tentatives complètes n’ayant pas conduit à une grossesse.

Maladies concernées
Le centre nantais prend en charge les demandes de DPI pour anomalie chromosomique familiale (translocations robertsoniennes, translocations réciproques – qui représentent 95% des indications chromosomiques) et moléculaires (myotonie de Steinert, mucoviscidose, amyotrophie spinale, chorée de Huntington), mais également de nombreuses autres maladies génétiques beaucoup plus rares.

Liam, premier "bébé DPI" du CHU de Nantes
À respectivement 31 et 29 ans, Stéphanie et Ghislain ont eu recours au DPI pour concevoir leur petit garçon. Ghislain est porteur d'une anomalie chromosomique, une translocation entre les chromosomes 1 et 16. Résidant en Loire Atlantique, le couple a entamé les démarches au CHU de Nantes en fin 2012. Après la première tentative, une grossesse débute en octobre 2013. Aujourd'hui, Liam a 13 mois et se porte bien.