les hôpitaux dans la guerre - les cinquante otages

Publié le 20 avril 2011 Mis à jour le 22 avril 2011

En octobre 1941, Alexandre Fourny, administrateur du CHU, est l'un des 50 otages exécutés par les Nazis.

L'entrée à Nantes de l'armée allemande, le 19 juin 1940, ne donne pas lieu, dans l'immédiat, à des actes spectaculaires de résistance, si l'on excepte la première liaison radio réalisé avec Londres depuis Nantes en décembre 1940 par le commandant d'Estienne d'Orves (il sera fusillé au mont Valérien le 28 Aout 1941).
Câbles coupés, évasion de prisonniers de guerre, attentat contre la Soldatheneim de Nantes le 26 décembre 1940 mènent  au poteau d'exécution le 1ier septembre 1941 Martin Poirier, premier résistant nantais fusillé par les Allemands.
Le 22 juin 1941, l'attaque de la Russie soviétique par Hitler lève toutes les ambiguités nées du pacte germano-soviétique. L'avance fulgurante des divisons allemandes conduit Staline à exiger des partis communistes européens qu'ils harcèlent en permanence les lignes arrières allemandes.  En fait de octobre à juillet 1941, la majeure partie des opérations menées par les communistes français se soldent par des échecs. Souhaitant réalisé un coup d'éclat, la direction du parti communiste décide d'envoyer à Rouen, Bordeaux, et Nantes des groupes de combattants parisiens chargés de faire dérailler des trains et d'exécuter un officier allemand de haut grade. Le 20 octobre, le groupe détaché à Nantes passe à l'action : à l'aube, il sabote une voie ferrée, sans réussir le déraillement espéré et à 7h45, dans le centre ville, il tire sur deux officiers allemands dont il a emboité le pas. L'un d'eux est mortellement blessé : effet du hasard, il s'agit du commandant de la place, le lieutenant-colonel Hotz, officier du grade le plus élevé qui ait été abattu jusque-là en France.
Sitôt connu cet attentat, Hitler ordonne l'exécution d'otages, suivant le code des otages (datant du 28 septembre 1941) qui prévoit de répartir les victimes potentielles en différentes catégories, en veillant à ce que les otages soient domiciliés dans la région où a eu lieu l'attentat. Il faut faire vite pour obéir au Führer et l'administration allemande n'arrive pas à extraire des prisons nantaises le nombre d'otage exigé.  D'où l'idée de désigner des victimes parmi les internés du camp de Choiseul près de Châteaubriant, parmi lesquels se trouve le jeune Guy Môquet ainsi que l'administrateur Alexandre Fourny.
Parmi les détenus de la prison de Nantes condamnés à exécution immédiate figure Alexandre Fourny, avocat nantais né en 1898, membre du parti socialiste. Adjoint au maire socialiste de Nantes en 1935, il a été élu au conseil général et désigné comme membre de la commission administrative des hospices. Révoqué de tous ses mandats en juin 1940, il organise un important réseau de renseignements dont il est le chef régional, après avoir contribué à la mise en place de filières qui permirent à quelques 2248 soldats prisonniers de s'évader. Arrêté plusieurs fois, Alexandre Fourny est condamné à trois ans de prison le 15 juillet 1941. Il est fusillé à Nantes comme otage le 22 octobre 1941. La commission administrative lui rend courageusement hommage le jour même en séance plénière.

Maurice Savariau,
membre de l'AHHPSN