histoire des établissements - le Sanitat

À de nombreuses reprises aux XVe et XVIIe siècles, Nantes doit  faire face à des épidémies de peste. Conscient du danger pour la population, le conseil de Ville décide en 1569 le transfert des pestiférés dans une propriété, la tenue de l'Asnerie, située à l'ouest de la cité, à bonne distance des remparts.

Acquise par la Ville et agrandie en 1602, l'Asnerie finit par occuper près de quatre hectares, de l'actuelle église Notre-Dame de Bon-Port au quai de la Fosse. Elle devient alors le Sanitat. Lorsqu'au début du XVIIe les épidémies de peste deviennent plus rares, la municipalité en fait un hôpital général destiné au "renfermement" des pauvres et mendiants. Contre leur hébergement ,ceux-ci participent aux quêtes organisées par l'administration de l'hôpital et sont utilisés pour des travaux édilitaires comme la construction des quais du port.

Mais le Sanitat reçoit selon les époques et parfois simultanément bien d'autres pensionnaires: des prisonniers calvinistes capturés au siège de la Rochelle en 1622; des "filles de mauvaise vie" que l'on s'efforce de remettre dans le droit chemin par le travail et la pénitence; des enfants abandonnés, dits "enfants de police" auxquels on donne une formation professionnelle; des "folles et fous" que l'on tient enfermés et enchaînés dans des "loges" voûtées fermées par une grille; parfois même, des pensionnaires volontaires qui y finissent leurs jours à l'abri du monde. À la veille de la Révolution, l'hôpital héberge environ 600 personnes.

l'hôpital de la réunion


En 1791 le Sanitat devient hôpital de la réunion. La suppression des institutions civiles
porte du Sanitat
porte du Sanitat
et religieuses de l'Ancien régime le prive de presque tous ses revenus et le plonge dans une grave pénurie dont souffrent les pensionnaires. La Révolution passée, la situation financière s'améliore un peu mais, malgré la construction de nouveaux bâtiments en 1827 pour y loger des femmes aliénées, le Sanitat est de moins en moins adapté aux besoins. Tout est "dans un tel état de caducité et de dégradation que l'on peut craindre les accidents les plus graves", dit un rapport du préfet. L'idée d'un transfert de cet hôpital commence à s'imposer. À cette fin, l'administration acquiert en 1831 le couvent de Saint-Jacques, ancien prieuré bénédictin, situé au sud de la Loire. Quant aux terrains du Sanitat, ils sont vendus pour réaliser un nouveau quartier au milieu duquel s'élève l'église Notre-Dame de Bon-Port. L'ancien portail de l'hôpital, de style classique, conservé sur le quai de la Fosse, y est encore visible avant la dernière guerre mais est détruit lors des bombardements de 1943. Il y a quelques années subsistait encore rue de  Constantine, dans la cour d'une entreprise industrielle, une aile du bâtiment construite peu de temps avant la fermeture du Sanitat. À cet emplacement s'élève aujourd'hui une résidence pour personnes âgées.
source: AHHPSN


Voir aussi

Léon Maitre, Histoire administrative des anciens hôpitaux de Nantes Ve C.Mellinet, Nantes, 1875.
L'hôpital général de Nantes : le Sanitat.Le Traitement de la pauvreté à l'épreuve des nécessités économiques. XVIIe - XVIIIe siècles. Mémoire soutenu en septembre 2000 par N. Bachelet, dans le cadre du DEA d'histoire du droit de l'université de Rennes I