témoignages - le don de rein du vivant (Pr Hourmant)

Publié le 7 novembre 2008 Mis à jour le 22 mai 2009
"La transplantation rénale a commencé, au début des années 1950, avec le donneur vivant. Malheureusement près de 40 ans après, ce type de transplantation ne représente chaque année que 9% du nombre total de greffes rénales en France. Dans les pays scandinaves et anglo-saxons, une greffe sur deux ou trois vient d'un donneur vivant. L'exception française est difficile à expliquer.
L'extension de la définition du donneur lors de la modification de la loi de Bioéthique en 2004 devrait pourtant favoriser la transplantation à partir d'un donneur vivant. L'article L 1231 - 1  stipule que "le prélèvement d'organes sur une personne vivante, qui en fait le don, ne peut être opéré que dans l'intérêt thérapeutique direct d'un receveur. Le donneur doit avoir la qualité de père ou mère du receveur". 
Par dérogation, peuvent être autorisés à se prêter à un prélèvement d'organes dans l'intérêt thérapeutique direct d'un receveur:
  • son conjoint
  • ses frères ou sœurs
  • ses fils ou filles
  • ses grands parents
  • ses oncles ou tantes
  • ses cousins germains ou cousines germaines
  • le conjoint de son père ou de sa mère
  • toute personne apportant la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans avec le receveur.
Le donneur doit aussi répondre à un certain nombre de critères médicaux, en particulier de compatibilité de groupe sanguin et de niveau de fonction rénale. Le risque, à court comme à long terme pris par le donneur, n'est pas nul mais il est extrêmement faible. Un bilan rénal et général complet, au terme duquel 30% au moins des donneurs pressentis sont contrindiqués, permet de le minimiser.
La transplantation à partir d'un donneur vivant est, pour le receveur, la meilleure de toutes les transplantations, c'est-à-dire celle qui donne les meilleurs résultats, quel que soit le donneur. Étant données les exigences médicales chez le donneur, elle s'adresse essentiellement aux receveurs jeunes, dont l'accès à un greffon reste difficile malgré l'augmentation du nombre de prélèvements. En effet, si les prélèvements de reins ont augmenté ces dernières années, c'est parce que l'on prélève sur plus de sujets âgés voire très âgés (> 65 ans) des organes que l'on ne proposera pas à des patients jeunes. La transplantation à partir d'un donneur vivant est donc pour eux une solution à la fois rapide qui peut, si la prise en charge est bien anticipée, leur éviter la dialyse et une excellente solution en terme de réussite de la transplantation. N'est-ce pas à ces patients jeunes que l'on voudrait souhaiter une transplantation qui marche bien et très longtemps, pour qu'ils puissent construire leur vie, faire des études et trouver un travail, se marier et avoir des enfants, comme tout le monde!
Donner un rein à une personne que l'on aime est aussi une merveilleuse aventure humaine".
Pr Maryvonne Hourmant, chef du service de néphrologie-immunologie clinique au CHU de Nantes